Comment l’espèce humaine survivra à l'économie du XXIème siècle

Une définition de la nouvelle économie

La nouvelle économie, celle de 2014, est, pour reprendre une terminologie à la mode, une économie classique, mais « augmentée » de la combinaison de trois phénomènes se nourrissant entre eux : la mondialisation, la numérisation et la financiarisation des activités économiques humaines.

La mondialisation

Winnie Byanyima et Jose Angel Gurria décrivent mieux que moi, dans leurs textes respectifs (www.cortiledeigentili.com), les enjeux et défis de la mondialisation. La mondialisation est un phénomène ancien, et même multiséculaire. Il s’est brutalement accéléré depuis 1989, avec la chute du mur de Berlin, l’effondrement du communisme, la conversion de la plupart des pays du monde aux principes de l’économie de marché. Et le déploiement d’outils, normes et techniques facilitant la mondialisation du commerce et des activités de production (accords de libre-échange ; conteneurs ; logiciels de gestion permettant la standardisation des activités économiques et la mise en place d’un langage de travail commun ; entreprises de plus en plus mondialisées). Evoquons-le succinctement à l’aide d’un langage particulier : celui des chiffres.

A l’actif du bilan de la mondialisation :

– Plus d’un milliard d’emplois ont été créés depuis 1980(2).
– Depuis 1990, près d’un milliard de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté(3),
tandis que la production mondiale de richesses quadruplait(4).
– Depuis l’an 2000, la richesse mondiale des ménages a plus que doublé(5).

Au passif du bilan de la mondialisation :

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– Nous pillons tellement vite les ressources limitées de la planète que d’ici 2025, le WWF estime que 5,5 milliards de personnes vivront dans des zones de « stress hydrique », où l’eau viendra à manquer(6).
– 2,8 milliards de personnes vivent avec moins de 2$ par jour ; 925 millions ne mangent pas à leur faim(7).
– L e 1% le plus riche de l’humanité possède près de la moitié des richesses mondiales(8).

Malgré une croissance qui devrait profiter à tous, ces inégalités continuent de se creuser, et avec elles le sentiment d’injustice : 7
personnes sur 10 vivent dans un pays où l’inégalité économique a augmenté au cours des 30 dernières années(9).

En somme, depuis 1989 : plus de richesses, plus de travail dans le monde. Mais des inégalités croissantes entre les pays et les individus, d’autant moins acceptées que le jeu semble se refermer au profit de quelques-uns. Et une planète aux ressources limitées, pillée aux quatre coins du globe.
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2. Hors emplois agricoles; The Economist, When giants slow down, June 2013
3. internationalement définie par le fait de vivre avec moins d’1,25$ par jour (The Economist, juin 2013)
4. Banque Mondiale
5. $Credit Suisse, Global Wealth Databook 2014, Octobre 2014
6. “The Human as Bigfoot”, The New York Times, October 2010.
7. United Nations, Resources for Speakers on Global Issues
8. Crédit Suisse, Global Wealth Report 2014
9. Aux Etats-Unis, le 1% le plus riche a capté 95% de la croissance depuis 2009. Cité dans Oxfam, En finir avec les inégalités extrêmes, janvier 2014